Résumé :
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On a souvent présenté les institutions du monde arabe sous des lumières très contrastées. On a ainsi décrit les institutions traditionnelles comme immobiles, acceptant la modernité à contre-coeur, incapables de correspondre aux besoins actuels, et donc condamnées à disparaître tôt ou tard devant des institutions modernes, puissantes et dynamiques. Ou, à l’inverse, on a décrit les anciennes comme toujours vivantes et hostiles au développement, les modernes n’étant que des paravents pour la propagande extérieure, des créations d’autant plus fragiles qu’elles seraient menacées par les projets de restauration de la loi islamique. Des lors la problématique tournait autour de la stagnation, du retour en arrière ou de l’affrontement avec la modernité. L’analyse concrète des situations repérées dans l’histoire ou dans la vie contemporaine fait vite douter de visions trop hâtives et trop polémiques. Cet ouvrage entreprend de retourner aux faits, de reprendre l’exploration plutôt que la discussion. En ouvrant les cadres disciplinaires et en diversifiant les problématiques, on suggère que la vie, la survie, la mort ou la résurrection des institutions traditionnelles peuvent être déployées sur les plans historique, juridique, économique, sociologue, etc., avec des problématiques diverses, mais les plus adaptées possibles à chaque institution : recherche des déterminants historiques de la destinée de l’institution, comparaison avec les institutions concurrentes, explicitation de la cohérence voulue par les législateurs en dialogue/opposition avec les « usagers » de l’institution, mise en évidence de la stratégie des acteurs dans le contexte politique ou sociologique. Cette étude se présente donc comme une moisson d’explorations concrètes dans les institutions du monde arabe, du Golfe à l’Atlantique, de l’école coranique aux universités, du travailleur immigré aux confréries politiques... Si elle indique l’impossibilité d’un maintien à l’identique des institutions traditionnelles, si elle montre que bien des formules de restauration ressortent de la manipulation ou carrément de l’erreur, elle révèle aussi que certaines institutions font plus que survivre : elles se transforment, et parce qu’elles cherchent à se dépasser, entrent vraiment dans la modernité.
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