Résumé :
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Dans son premier Gibraltar (Gibraltar croisée de mondes, Séguier, 2002), Zakya Daoud avait entamé un étonnant voyage au travers des siècles, des continents, des cultures et des mythes : le légendaire Hercule y côtoyait le Phénicien Hannon chercheur d'or, Tarik franchissait le détroit et installait le monde arabo-musulman pour sept siècles sur la péninsule Ibérique, monde qui allait briller de mille feux et illuminer l'Europe jusqu'au Septentrion, sans oublier l'inlassable activité des Portugais, ni les rages de la Reconquista catholique. Puis, ce fut 1492, date doublement symbolique ; c'est à la fois la chute de Boabdil, dernier roi de Grenade, ultime bastion arabo-musulman présent en terre chrétienne et l'envol de Colomb vers les «terra incognita» de l'Ouest lointain ; les lignes de force s'inversent et c'est là que commence le deuxième Gibraltar, celui-ci : Gibraltar improbable frontière. De Colomb aux clandestins. C'est le Nouveau Monde qui s'annonce, plein Ouest, plein Nord, c'est l'Ancien Monde qui s'écroule jusque dans les corps des clandestins, brûleurs de frontières, qui viennent s'échouer sur les rivages Nord mondialisés du détroit, maintenant recouverts de barbelés, d'antennes de détection électroniques et parcourus par des gardes armés. Le détroit bat maintenant comme un véritable cœur malade : inspirations, expulsions, irrégulières et anarchiques, du Sud vers le Nord, du Nord vers le Sud. Les vents tournent, ce sont ceux du Nord-Ouest qui dominent, qui balaient tout, indifférents aux hommes, aux âmes et aux mythes, seulement préoccupés par les grands intérêts économico-politico-guerriers qui s'affrontent, quelquefois aussi saisis par l'incurable nostalgie de l'Ancien Monde évanoui.
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