Résumé :
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L'Algérie, par son histoire mais surtout comme expérience de développement économique, occupe une place de choix dans les affrontements idéologiques contemporains, notamment au sein des pays du tiers monde. Mais cette place, incontestable, est-elle justifiée théoriquement, alors que ce pays reste peu connu, malgré les discussions passionnées qu'il soulève ? L'ouvrage de Tahar Benhouria n'apporte pas seulement une matière riche en données empiriques, une information plus complète sur l'Algérie. Le tableau systématique qu'il dresse de son évolution économique depuis 1962 a d'autres objectifs que la simple production d'une connaissance, jusqu'alors disséminée dans des études partielles et spécialisées. Par la liaison permanente que l'auteur établit entre les réalisations économiques et les intérêts des groupes et des classes en présence et en formation, c'est toute la structure de classes de la société qui est révélée à travers cette expérience de développement. Et, notamment, la constitution, durant cette période, d'une nouvelle classe dominante, liée contradictoirement aux secteurs de la propriété d'État et de la propriété privée et imprégnant la société, dans son ensemble, des formes de cette contradiction. C'est ce développement contradictoire de la nouvelle classe dominante, tirant ses traits aussi bien des bourgeoisies classiques des sociétés occidentales que des bureaucraties des pays socialistes, qui éclaire, selon l'auteur, l'évolution de l'Algérie depuis l'indépendance. Elle rend compte, en même temps, des difficultés à l'analyser, des erreurs commises par les approches classiques, de droite comme de gauche, et des illusions véhiculées par les théories développementistes. L'ouvrage finit sur des interrogations ; c'était bien là son but car, pour Tahar Benhouria, l'essentiel était de remettre le débat sur ses pieds, c'est-à-dire sur ses bases de classe.
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