Résumé :
|
La représentation que l’on se fait des déserts est souvent loin d’être exacte. Aussi, parler du Sahara revient-il très vite à confronter imaginaire et réel. Il faut pourtant se rendre à l’évidence : le Sahara contemporain est d’abord urbain, constellé de villes où se concentre la majeure partie des populations. Une situation dont on connaît encore mal le processus d’urbanisation et la genèse. Comment expliquer en effet que l’une des régions les plus arides du Sahara, carrefour ancien entre le Sahel et le Maghreb, compte aujourd’hui une ville de près de 150 000 habitants et un taux d’urbanisation dépassant les 90 % ? Est-ce essentiellement le fait de l’État libyen qui, riche de la rente des hydrocarbures, a voulu fixer les populations et « borner » ainsi le territoire national ? Et pourquoi une telle urbanisation, loin de péricliter après l’érosion de la rente pétrolière et de l’embargo des années 1990, enregistre-t-elle encore des rythmes de croissance aussi forts ? Comment expliquer aussi qu’un renouveau agricole du désert accompagne le processus d’urbanisation ? Quels en sont - dans le contexte actuel de désengagement étatique - les ressorts, les formes, les acteurs ? Par ailleurs, si l’urbanisation saharienne rime souvent avec l’anonymat, l’uniformité, elle est pourtant porteuse d’identités. Que dire des rapports sociaux qui se tissent dans les villes-carrefours cosmopolites par lesquels transitent les migrants africains, ainsi que dans les rubans oasiens remodelés par les pouvoirs publics ? Attentif aux Hommes, aux lieux, aux réseaux qui sous-tendent l’urbanisation saharienne, l’auteur fournit dans cette étude du Fezzan des clés de lecture pour comprendre les dynamiques qui touchent aujourd’hui le plus grand désert du monde.
|