Résumé :
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En 1250, alors qu'il conduit la VIIe Croisade, Saint Louis est fait prisonnier à Mansourah. Emmené au Caire, il est reçu avec beaucoup d'égards par le sultan ayyoubide qui lui ouvre sa riche bibliothèque. Les trésors de livres somptueusement calligraphiés et ordonnés impressionnent le roi : de retour en France, il créera lui-même une bibliothèque. Cette anecdote rend compte de la fascination qu'ont suscitée les «armoires à sagesse», bibliothèques encyclopédiques qui revendiquaient une triple filiation islamique, arabe et grecque. Elles naissent en Irak, au VIIe siècle, lorsque la culture islamique se constitue à la fois comme culture de la littérature et culture de la traduction, mémoire scripturaire de l'Antiquité et archive du passé arabe anté-islamique. Lieux de collection, ces bibliothèques recèlent parfois jusqu'à des centaines de milliers de livres, dont de nombreux exemplaires d'un même volume. Associée à une esthétique et à une érotique d'inspiration platonicienne, la collection musulmane médiévale échappe peu à peu à la seule juridiction des princes. Elle donne naissance à un marché et à des métiers artistiques (enlumineurs, calligraphes) ainsi qu'à des activités plus ou moins licites (imitations, faux) qui nécessitent le contrôle d'experts. Mais les collectionneurs accumulent également d'autres objets que les livres : pierres précieuses, plantes, animaux et automates deviennent alors des abrégés de merveilles animées et inanimées, et la collection un modèle réduit du Monde.
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